Photo: Anne Laure Chéry

 

 

Mandalas, masques, ossuaires, chimères, sculptures votives, trophées, il est difficile de définir précisément le travail de Laetitia Viratelle. Ses compositions semblent évoquer d’antiques trésors de civilisations nomades disparues. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles enchantent et émerveillent le regard d’une spiritualité induite. Car c’est peut-être cela dont il s’agit, redonner un souffle, une étincelle de vie, à des matériaux abandonnés après avoir achevé leur présence au monde.

 

Laetitia Viratelle nous donne à voir un mélange subtil de matières organiques, de tissus, d’ossements, d’animaux naturalisés, d’objets et autres fétiches, qu’elle chine, butine, collecte et ramène de ses voyages avant de les assembler pour les faire renaitre.

 

Il y a quelque chose qui tient d’une forme d’animisme, de shamanisme contemporain, dans sa démarche. Un désir de célébration du vivant dans un esprit néo-éthnologique. Un geste, un élan, un équilibre essentiel, qui n’est pas sans rappeler le rituel. Une sensibilité qu’elle garde de son passé de performeuse. Un chatoiement de couleur, un enthousiasme allié à une forme d’énergie primale.

 

Là se tiennent, dignes, des sortes de sentinelles, de gardiens qui semblent résister silencieusement à la prolifération des objets manufacturés d’un monde qui a troqué la poésie pour le fonctionnel. Témoins de notre temps, porteuses de lointaines batailles, leur présence semblent une résistance fière à l’élan mortifère. Loin d’être morbides pourtant, les ossements, les cornes et la taxidermie ainsi assemblés sont autant d’hommages à l’animal et à la beauté du vivant. Tant la féminisation des mises en scènes met en lumière des présences organiques vivifiantes. Une tension contradictoire se crée alors entre des objets convoquant une noblesse aristocratique au service d’une délicatesse de l’intime.

 

Un souffle, un murmure. Une grammaire plastique qui convoque la langue d’un nouveau monde et la possibilité d’un éternel réenchantement.

 

                                                                                                                          Otomo D. Manuel